Dominique

La révélation du théâtre

À l’école primaire, rien ne m’avait éveillé à l’émotion esthétique. Ma découverte a été d’autant plus forte lorsque je suis arrivé au collège, à Noyelles-sous-Lens. Là, j’ai été littéralement bousculé par une rencontre et par la révélation du théâtre. La rencontre concerne deux enseignants qui initiaient les collégiens à l’art théâtral et à la poésie. Ils m’ont incité à écrire des petits textes dans leur revue de poésie. Ils m’ont surtout encouragé à devenir acteur et fait confiance. Ils me donnaient pratiquement des cours particuliers pour me faire avancer dans l’exercice de la comédie. Lors de mon premier rôle, je jouais un personnage d’avocat dans une farce du moyen âge. Ma mère avait confectionné mes costumes. Une foule de sensations nouvelles accompagnait cette confrontation au public : le trac avant l’entrée en scène, le sentiment très fort de partager des émotions avec les spectateurs, la joie d’avoir fait vivre un texte et d’avoir surmonté des obstacles… Pour un adolescent l’expérience n’est pas anodine. Elle m’a profondément marqué.

La justesse d’un regard

Dans le cadre d’une exposition sur la thématique des frontières et de la guerre, j’ai rencontré une reporter photographe : Marie Dorigny. Elle a travaillé sur différents lignes de front : Afghanistan, au Cachemire et a couvert, en tant que journaliste, de nombreuses révolutions (Roumanie…). J’ai été interpelé par son approche de la guerre, des femmes et des enfants pris en otage par les conflits. Sa manière de traiter le sujet de la souffrance, ses choix d’angles de lumière et de couleurs, son insistance sur l’expression des regards m’ont paru d’une grande justesse. Le désarroi des victimes rend d’autant plus insupportable l’immense brutalité du monde. J’étais très heureux de collaborer à la mise en place de son exposition. Les quelques échanges que nous avons eus à cette occasion m’ont confirmé la richesse de son expérience vécue.